Je suis sortie, c'était prévu depuis hier, pas question de reculer, mais bon, ça a tout de même nécessité l'ingestion d'un Xanax entier dans le bus.

Direction une thriftshop (désolée si ton niveau d'anglais est le même que celui de Louis de Funès dans les gendarmes de St tropez) (bon OK je traduis: un local de vente d'occase pour une oeuvre de charité) (ouais les anglophones font ça plus court) (du coup ça me revient à 3 lignes) où j'ai déniché un pull de marque en bon état pour trois fois rien et des fiches pratiques de tricot pour ma mère qui s'y est remise et a notamment tricoté plusieurs paires de chaussons pour bébé (non  elle n'est pas enceinte) (non JE ne suis pas enceinte) (ma cousine l'est). Bref, bonne journée nonobstant la pluie et la grêle qui m'ont flagellée sans doute pour avoir encore passé la journée à glander plutôt qu'à chercher du taf.

ça fait trois jours que je suis quasiment une masse inerte. Certes, une masse encore raisonnablement faible (plus ou moins 50.000 grammes), mais cela reste à surveiller. Surtout quand ta mère fait un gâteau au citron pour le goûter alors que tu avais décidé de t'abstenir de goûter, ou tout au plus, d'avaler quelques grains de raisin.

Ce n'est pas que d'habitude, je sois une sportive obsessionnelle. Mais d'habitude, je marche dans la journée. Et entre mon malaise il y a deux jours et le temps pourri, et bien je ne fais plus que quelques pas dans la maison depuis trois jours.

Bref, demain, qu'il vente ou qu'il neige, je sors mon nez dehors, et je fais mon exercice physique quotidien.

Je suis devenue une parfaite ménagère de moins de 50 ans, euh, 30 ans, sans mari et sans enfant, depuis que je suis au chomâge. A défaut d'avoir une place dans la société, j'ai trouvé ma place au foyer, où je m'occupe en faisant les courses, la cuisine, en lavant et en étendant le linge, et parfois même, en faisant le ménage. Il m'arrive également de ranger ma chambre. Bref, je suis complètement perturbée par mon absence de participation à l'économie ultra-libérale du pays. En même temps, ce n'est pas comme si j'étais toute la journée avachie dans le canapé, une manette de jeu dans une main et une canette de coca dans l'autre.

Adieu les trombones qu'on retire des documents en se les enfonçant sous les ongles. Adieu les agrafes qu'on ôte inlassablement  en se niquant les doigts avec l'arrache agrafes pour récupérer les attestations, ah ces fameuses attestations qu'on passe des heures à classer dans les dossiers des agents, mais dont la pile ne diminue jamais car on en déniche toujours plus parmi les documents que l'on trie. Adieu la radio grésillante qui diffuse principalement de la musique de merde, mais qui permet de ne pas péter les plombs lorsqu'on est isolé plus d'une heure dans les archives, lieu sans vie insonorisé qui rend claustrophobe si l'on ne l'est pas à l'origine. Adieu les boîtes à archives poussiéreuses à monter soi-même, nous préparant à la vie de célibataire autonome et ses meubles en kits.

Bref. Je suis de nouveau une statistique de Popol Emploi.

Je suis née bordélique. Longtemps je l'ai été, et j'ai pensé que je le resterais. C'était sans compter la découverte du Feng Shui, art ancestral chinois qui entre autre, soutient que le désordre est une catastrophe sur le plan énergétique. L'époque où j'y ai été initiée coincide avec celle où j'ai commencé à ranger ma chambre. Alors c'est vrai, parfois (souvent) le gêne du bordel reprend le dessus et les vêtements s'accumulent sur le bureau, la chaise, par terre même...Mais au bout d'un moment je finis toujours par tout remettre en place. Et là, vous savez ce que je fais comme boulot? Du classement et de l'archivage. Moi la spécialiste de la perte de papiers importants! D'ici peu, vous allez voir, je vais finir maniaque de l'ordre!