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    Mercredi, dix-sept heures et des poussières, j’arrive à mon ancienne fac, en travaux, vu l’état de délabrement dans lequel elle est depuis des années. Je pénètre à l’intérieur et l’émotion est si forte que je tremble. Je rencontre ma directrice de thèse qui est super contente de me revoir, mais je n’en mène pas large et m’excuse d’avoir l’air si émotive, ça fait quand même cinq ans je n’ai pas remis les pieds ici. Quand nous nous sommes quittées, je scrute tous les emplois du temps pour savoir dans quelle salle ma médiéviste peut bien se trouver à ce moment précis. J’ai déjà frappé à la porte de son bureau mais il n’y a personne. Mais j’ai un doute. Etait-ce son bureau ? Il n’y avait pas de nom sur la porte, j’ai juste le vague souvenir qu’elle a quitté celui qu’elle avait au rez-de-chaussée et « emménagé » ici peu avant que je ne quitte la fac. Je retourne au premier, puis monte jusqu’au deuxième étage, et là je me retrouve devant une porte qui indique son nom ! J’entends des voix, dont la sienne, elle est là, putain, elle est là. Je frappe fébrile, elle me dit d’entrer, et là j’ai une vision mystique. Sa beauté me frappe de nouveau comme au premier jour. Elle est agréablement surprise de me voir : « My goodness ! You are back ! » et moi je tremble et en perds mon anglais.

    « Come on, practise ! »

    Elle vient de me dire que dans cinq minutes elle quitte le bâtiment et va récupérer sa fille, et moi j’essaie de lui expliquer dans la langue de Shakespeare que mon hôtel est près de la gare, donc si elle pouvait m’y reconduire (je veux surtout passer plus de temps avec elle ! Pourquoi pas dans sa voiture)... Elle accepte ma requête, il y a un étudiant dans la pièce, je m’en fiche, je saute de joie. « Behave yourself ! Sit down ». Elle est encore plus maigre qu’avant il me semble, mais elle est enjouée et pétillante. Moi j’ai besoin d’un Xanax pour me calmer, je suis hyper émotive et excitée. Je sors ma bouteille d’eau, une pilule rose entière et avale cette dernière. Quand l’étudiant s’apprête à quitter le bureau, elle entreprend de me faire la bise, ça se transforme en étreinte, comme au bon vieux temps. Je finis par me calmer et on discute entre adultes, sur le chemin jusqu’à sa voiture et une fois dans son véhicule. Elle me voit bien en bibliothécaire. On parle de la mort car j’aborde le deuil de mon ancienne prof australienne avec elle, et je lui fais promettre de vivre longtemps et en bonne santé. Comme si elle décidait totalement de son état physiologique et de sa durée de vie !

    J’ai pu rencontrer sa fille, enfin, l’une de ses deux filles, elle est belle mais ne lui ressemble pas. Ses yeux sont bleus et ceux de ma médiéviste noisette. « J., je te présente Ludivine, tu sais, mon étudiante qui m’envoie des lettres ? » Je me sens un peu gênée, j’espère que jamais au grand jamais sa fille ne sera au courant des sentiments que j’éprouve envers sa mère. Je ne suis pas une briseuse de couples. J’aime ma prof, je l’étreins parfois, mais je n’ai ni l’intention ni l’envie de lui faire des avances, encore moins de la peloter et/ou l’embrasser, je la respecte, je respecte son statut de femme mariée.

    Bon, il a bien fallu se quitter, j’ai eu un pincement au cœur, mais j’ai bon espoir de la revoir jeudi prochain. J’espère, oh oui !


    3 commentaires
  • Je tripote une médaille de Jésus bon marché que j’ai achetée à Claire’s.

    "- Vous êtes croyante ?" 

    Je lui explique que oui, mais que je ne suis pas Chrétienne, je trouve que la religion a « tainted *» (je ne trouve pas le mot dans ma langue maternelle à ce moment-là) Jésus. Elle hoche la tête ou émet un son, je ne sais plus très bien, qui signifie qu’elle comprend. Je pourrais lui conter mes délires spirituels, le fait que je crois être une envoyée divine ou quelque chose comme ça, que j’ai communié avec Dieu et eu des extases mystiques, mais je préfère éviter ce genre d’élucubrations. Elle ignore qu’à cet instant mon amour pour elle et son affection à mon égard me remplissent de force divine qui me soulage enfin, me guérit. Elle peut avoir tous les petits amis qu’elle veut, je ne suis pas jalouse. A l’époque j’étais plus possessive. Là, tout ce que je veux, c’est qu’elle continue d’exister. Chaque personne est unique, mais ça me semble encore plus vrai pour elle.

    Après tout, qui d'autre parle de bouillie de canetons pour illustrer un cours de linguistique?

    *sali

     

    Miss O cut

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